Organisations et syndicats belges dénoncent la répression du mouvement social en Colombie

Depuis la grève nationale du 28 avril, le peuple colombien, en particulier sa jeunesse, est dans la rue pour s’opposer à la Réforme Fiscale voulue par le gouvernement, et qui affecterait les personnes les plus défavorisées et les classes moyennes déjà durement touchées par la crise sanitaire. Malgré la pandémie, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de nombreuses villes et villages du pays.

La forte mobilisation a porté ses fruits! Le dimanche 2 mai, le président Ivan Duque annonçait le retrait de la proposition de réforme. Le peuple reste mobilisé car les nécessités sociales sont immenses et des prochaines réformes sont déjà en route. Le président colombien veut notamment réformer le secteur de la santé, ce qui mènerait à une augmentation des coûts pour la population et le démantèlement d’institutions publiques “non rentables”; ce serait catastrophique en pleine pandémie de COVID et viendrait enrichir encore plus les grands acteurs de la santé privée.

Le gouvernement a répondu aux mobilisations par le fusil

Le mouvement colombien a obtenu une victoire, mais son prix est très lourd.

Les données publiées par la plateforme des droits humains Grita (1), qui a enquêté sur les événements survenus entre le 28 avril et le 1er mai, font état de 92 cas de violence physique exercée par la police, 21 victimes par homicide, 672 détentions arbitraires, 136 interventions violentes, 12 victimes de mutilations, 30 cas de tirs par arme à feu et 4 victimes de violence sexuelle.
Les forces de l’ordre ont donc usé de la violence de manière totalement disproportionnée et hors du cadre constitutionnel. Qui plus est, le gouvernement a fait appel aux forces militaires pour soutenir le travail de la police laissant présager encore plus de violences.

Par conséquent, nous, organisations soussignées, nous joignons à la demande faite par les organisations de défense de droits humains colombiennes de mettre sur pied une commission internationale de vérification pour enquêter sur les actes de violence commis par la police, en particulier son escadron mobile ESMAD, et l’armée, et pour l’application de mesures de précaution pour rétablir le droit à la protestation sociale avec des garanties pour la vie et l’intégrité des manifestantes et manifestants.

Nous demandons à la Belgique, à la Commission européenne et au Parlement européen de se prononcer et de condamner les actes graves perpétrés par la force publique colombienne sur mandat du gouvernement.

La Belgique comme l’Union européenne ne peuvent fermer les yeux devant ces actes qui s’attaquent à l’intégrité et à la vie de la population. L’accord commercial signé entre l’UE et la Colombie ne peut pas être au-dessus du droit à la vie et des valeurs éthiques et morales que l’Union européenne prétend défendre.

Les défenseur.e.s des droits humains et les mouvements sociaux doivent être protégés. La protestation sociale est un droit! La violence d’État doit cesser.

Enfin, le gouvernement colombien doit cesser d’entraver le processus de Paix et respecter ses engagements en la matière. #DefendTheDefenders

Plusieurs organisations appellent à un rassemblement le jeudi 6 mai à 17h30 Place Luxembourg.

(1) El Espectador : https://www.elespectador.com/noticias/nacional/paro-nacional-temblores-hace-el-balance-de-la-violencia-policial-durante-las-protestas/

Photo : Patata Caricaturas Colombia

Signataires:

INTAL
CATAPA
CETRI
Comité pour le respect des Droits Humains « Daniel Gillard »
Coordinadora Latinoaméricana de Bélgica
Cubanismo.be
Defend The Defenders
FGTB-Horval
Latinoamericanas unidas
Marcha Patriótica Bélgica
Mujeres feministas y plebeyas
Progress Lawyers Network
SamaSama
Solidair met Guatemala
Quinoa vzw
Vrede vzw

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