COMMUNIQUE DE LA CNAPD 27 janvier 2022
DES ARMES AU DÉTRIMENT DE LA SANTÉ, CELA DOIT CESSER !
Alors que la pandémie de COVID-19 a mis au jour un manque criant de moyens financiers et humains dans le secteur des soins de santé, le Conseil des ministres de la coalition Vivaldi a prévu de revoir ce vendredi 28 janvier la trajectoire budgétaire de la défense. Le gouvernement fédéral belge va procéder à une augmentation des dépenses de défense à hauteur d’1,54% du produit intérieur brut à l’horizon 2030, ce qui représente une enveloppe supplémentaire d’environ trois milliards d’euros. Le gouvernement fédéral justifie cette décision par sa volonté de mieux rémunérer le personnel de la défense mais aussi, et surtout, pour procéder à de nouveaux achats de systèmes d’armes.
La Belgique consacre déjà un budget important pour sa défense. A titre d’exemple, notre pays a dépensé 5,436 milliards de dollars en 2020 pour répondre aux besoins de ses forces armées mais aussi pour sa contribution à l’OTAN. En cette période marquée par la crise sanitaire et ses conséquences catastrophiques aux niveaux économique et social, la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD) s’indigne de constater que plusieurs milliards d’euros soient ainsi alloués aussi rapidement au secteur de la défense, au détriment des autres secteurs, alors même que l’accord de gouvernement Vivaldi affirme que la santé est « fondamentale » et que des investissements considérables seront entrepris dans ce secteur.
Nous n’avons eu de cesse d’attirer l’attention sur le sous-investissement structurel dont est victime le secteur des soins de santé depuis de nombreuses années. Les coupes budgétaires consécutives aux politiques d’austérité mises en œuvre par les précédents gouvernements ont porté un coup dur au personnel soignant et aux infrastructures hospitalières. La décision de la Belgique, que nous avions dénoncé lors de notre campagne « Pas d’avions de chasse », d’allouer 15 milliards d’euros à l’achat et à la maintenance de chasseurs F-35 n’a fait que renforcer ce sentiment d’injustice.
En s’éloignant de l’objectif annoncé par l’accord de gouvernement Vivaldi, l’actuel gouvernement fédéral démontre manifestement qu’il s’est fixé une priorité pour le moins distante de la réalité sociale : il opte pour une politique extérieure militarisée au détriment d’une politique de soutien au secteur des soins de santé, déjà fortement marqué et éprouvé par plus de deux ans de crise sanitaire. De plus, d’autres secteurs tels que la justice et les services publics, pourtant essentiels à la société, sont eux aussi frappés depuis longtemps par des coupes budgétaires aux effets dévastateurs. En choisissant d’injecter plusieurs milliards d’euros dans le secteur de la défense, le gouvernement fédéral a donc décidé, délibérément, de négliger la prise en compte des besoins essentiels de sa propre population.
Nous demandons donc instamment au gouvernement fédéral d’abandonner cette réforme, et de concentrer ses efforts vers les secteurs de la société qui en ont réellement besoin. Nous refusons également que les tensions internationales actuelles soient instrumentalisées et utilisées à mauvais escient pour surarmer notre pays dans le cadre d’une course aux armements absurde et aux conséquences potentiellement dramatiques pour la Belgique et pour l’Europe. La crise internationale actuelle ne pourra être résolue avec davantage d’armes. En tant que mouvement pour la Paix, nous pensons, au contraire, que l’issue de cette crise passera inévitablement par la voie du dialogue et de la prise en compte des aspirations des populations.