Rapport café@débat Intal : Quelles solutions pour la paix en Ukraine?

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Le 05 mai dernier, Intal organisait un café-débat avec pour sujet central la question « Quelles solutions pour la paix en Ukraine ». Pour répondre à cette interrogation aux multiples facettes, se sont exprimés le Pr. Christophe Wasinski, Professeur en Sciences Politiques et Relations Internationales à l’ULB, Martin Maréchal, directeur du CNAPD et Nicolas Pierre d’Intal.
Nous vous proposons une retranscription des discussions qui se sont donc principalement centrées autour de la stratégie de l’OTAN, notamment en matière d’armement et de sécurité en Europe et des motivations économiques et politiques de cette puissante alliance. Puis nous avons orienté le débat sur les alternatives possibles pour promouvoir la paix.

Retour sur la stratégie militariste de l’OTAN.

  • L’OTAN et l’armement de l’Ukraine

Le Pr. Christophe Wasinski nous propose de revenir sur les livraisons d’armes vers l’Ukraine, en ce sens il signale qu’elles ne sont pas récentes, certes la guerre de 2022 les a accélérées mais déjà depuis 2014 les Etats-Unis et le Canada particulièrement fournissaient des armes peu létales (ex. radars.) Puis on note un emballement du processus avec la livraison de matériel toujours plus dangereux (ex. missiles anti-char) et létale. En succédant à Donald Trump, Joe Biden n’a pas semblé souhaiter rompre avec cette politique et l’a même poursuivie en partenariat avec, entre autres, le Canada et le Royaume-Unis, ce qui amène certains commentateurs à dire que l’Ukraine n’est peut-être pas dans l’OTAN mais que l’OTAN est bien dans l’Ukraine.

L’implication de l’Australie dans la livraison d’armes renforce l’idée d’une création et d’une consolidation d’un bloc formé par les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Unis et l’Australie qui serait comme une extension de l’OTAN et qui a terme pourrait viser la Chine.
A partir de février 2022, au sein de l’OTAN s’est alors lancé une habile discussion sur le sujet de ces livraisons et de la temporalité de celles-ci. Leur concomitance est le reflet d’une stratégie visant à partager les risques de représailles. Les livraisons presque simultanées de tous les états membres de l’OTAN en deviennent presque symboliques, dans le but de porter à part égale la responsabilité. On notera aussi les diverses décisions inquiétantes, particulièrement en Europe, de réarmement et d’augmentation du budget lié à l’armement.

  • L’OTAN et les sanctions économiques

Pour mieux comprendre la stratégie et le positionnement politique de l’OTAN concernant les sanctions économiques, le Pr. Wasinski indique qu’il faut regarder la réaction des pays européens, après l’invasion de la Russie en Ukraine. Une série de condamnations par les états membres s’en est suivie. Puis, dans un second temps, un volet de sanctions diplomatiques, impulsées par les Etats-Unis puis suivis par l’Union Européenne, non sans un certain retard, a frappé la Russie. On n’a pu également remarquer une volonté chez certains états européens de se rapprocher de l’OTAN, on pense ici à la Suède et la Finlande.

Les sanctions économiques ont bien souvent des impacts humanitaires désastreux, comme ce fut déjà le cas dans les années nonantes en Irak. Actuellement, et pour le cas de la Russie, ces sanctions s’accompagnent d’une politique visant à limiter voire interdire les importations d’hydrocarbures dont beaucoup de pays dépendent, au détriment de beaucoup de populations. L’objectif est d’expulser la Russie de l’économie mondiale.

Nicolas Pierre indique que lorsque l’on analyse les votes à l’ONU pour les sanctions diplomatiques et économiques contre la Russie à la suite de l’offensive en Ukraine, les seuls pays qui soutiennent la motion sont les pays occidentaux : l’Amérique du Nord, l’Europe, le Japon, l’Australie alors que l’ensemble des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine semblent contre ce qui correspond à l’essentiel de la population mondiale. Il existe donc un refus d’alignement claire sur la stratégie occidentale, pour des raisons spécifiques et propres à chacun.

  • L’OTAN et les critiques quant à la situation en Ukraine

Nicolas Pierre précise que le soft-power de l’OTAN consiste à faire croire qu’elle est une agence défensive alors que ce n’est jamais le cas, lors de ses plus grandes interventions, il s’agissait d’interventions offensives (ex. Bosnie, Kosovo). Le principe théoriquement défendu de la défense mutuelle est utilisé pour mener des politiques offensives. Ainsi, l’OTAN fait fi du Droit International et de sa prétendue raison, ce qui permet à Vladimir Poutine de trouver une justification dans son action. Notamment à cause du phénomène d’expansion de l’OTAN, en dépit des discours faits à la Russie, c’est particulièrement remarquable en Géorgie et Ukraine. Lors de la violation des Accords de Minsk par l’Ukraine sur notamment les cessez-le-feu, les droits culturels et linguistiques, il n’y a eu aucunes réactions. Il est donc trop simpliste d’avoir une vision de diabolisation de Vladimir Poutine et de nier les exactions de l’armées ukrainiennes, cela contribue à la création d’une ambiance de bien et de mal et de blocs opposés.

Quels arguments pour soutenir les alternatives à la militarisation et à l’armement nucléaires ?

  • Alternatives aux solutions militaristes

Martin Maréchal du CNAPD indique qu’il est compliqué de produire un plaidoyer antimilitaire en situation de guerres, cette réalité est renforcée par la proximité géographique du conflit Ukraino-Russe. On en a eu l’exemple lors des manifestations du 27 mars dernier, où des associations ukrainiennes ont réaffirmé leur volonté d’obtenir des armes pour se défendre, ce qui est compréhensible face à l’urgence de la situation. Il est néanmoins possible d’établir des solutions non militaristes, la seule chose à ne pas faire est de stopper le dialogue.

L’aide humanitaire est souvent une bonne solution, pour améliorer les choses. L’envoie de toute une série de ressources que sont de l’ordre du non-létale est primordiale dans ces moments de guerre où déjà, des personnes misant sur la reconstruction se rassemblent. Enfin, il faut cultiver une culture de paix et de la non-violence telle que définie par l’UNESCO, elle rassemble tout un programme et ensemble de valeurs, d’attitudes à suivre. Le but ultime étant d’arrêter de créer de la destruction.

  • Arguments contre les armes nucléaires

Pour le Pr. C. Wasinski, il est important de rappeler la une puissance extrêmement destructrice de l’arme nucléaire et son potentiel de frappe sans distinction. En Belgique, des armes nucléaires sont présentes à Kleine Broegel, il s’agit de bombe B-61, qui peuvent, selon modification et réglages, atteindre six ou sept fois la puissance de celles larguées sur Hiroshima. Ces armes tuent donc tout sur leur passage, sans différenciation possible entre civils, militaires, milieux écologiques, bâtiments, etc. Cette puissance exterminatrice est même reconnue par les juges de la Cour de Justice Internationale dans un avis consultatif de 1996, ils indiquaient alors qu’en raison de cette puissance, les magistrats reconnaissaient ne pas savoir dans quel contexte le recours à cette arme était justifiée.
De plus, le principe de dissuasion qui justifie la possession de ce type d’arme a été développé par des experts militaires ou mandatés par les armées. Cette idéologie est un pari sur la rationalité et ne constitue pas une science exacte. Il apparait que pendant les années de Guerre Froide, l’humanité a plus comptait sur la chance face à la potentialité d’un recours au nucléaire. D’autres groupes d’experts affirment donc que si ces armes sont censées nous protèger, il faut aussi contrebalancer ce propos et indiquer qu’elles font de nous une cible potentielle.
Nicolas Pierre précise que du point de vue des pays qui ne possèdent pas l’arme nucléaire, la stratégie occidentale augmente la volonté de l’obtenir lorsqu’ils analysent les politiques menées face à ceux qui tiennent têtes aux occidentaux. Le simple fait d’en posséder créer donc le désir en possédant ces armes et les états nucléarisés déplacent les conflits, on en a l’exemple en Ukraine, au Vietnam.

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Si ces sujets de discussions vous intéressent et si vous souhaitez aller plus loin sur les thèmes de la paix et des alternatives à la militarisation, rejoignez-nous ce jeudi 19 mai 2022, à la Conférence pour la Paix. Retrouvez toutes les informations nécessaires ici ou ici !

Pour aller plus loin sur ces thématiques, notre évènement parallèle au sommet de l’OTAN, le Sommet pour la Paix de Madrid se tiendra du 24 au 26 Juin 2022. Nous vous invitons à rejoindre la délégation belge à Madrid pour unir nos forces dans la lutte pour la paix, la justice environnementale et sociale !

 

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