Par Ludo De Brabander, Paula Polanco, Reiner Braun, Nora Garcia, Kristine Karch, Franziska Kleiner, Isabelle Vanbrabant et Maurizio Coppola.
Le retrait des troupes étasuniennes et de l’OTAN d’Afghanistan a marqué la fin d’une époque : celle de la Guerre mondiale contre le terrorisme. Dès 2018, le gouvernement Trump a annoncé que l’ensemble de l’effort étasunien viserait désormais à empêcher la Russie et la Chine de se consolider en tant que puissances mondiales. Il fallait réduire à néant l’idée de multipolarité, d’un monde où plusieurs pôles se développent et coopèrent en paix, afin d’assurer l’hégémonie des États-Unis. Nous ne pouvons pas non plus oublier que l’annonce de cette nouvelle stratégie est allée de pair avec le retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, un accord clé de Gorbatchev et Reagan qui a contribué à réduire le risque d’une guerre nucléaire. Malheureusement, la destruction nucléaire est de nouveau sur la table, les budgets militaires en Europe montent en flèche pour atteindre des niveaux que l’on pensait impossibles, et l’OTAN surarmée a des dépenses militaires 54 fois supérieures au total mondial en 2021.
Pour résoudre la situation que nous vivons, nous devons comprendre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette terrible guerre aux répercussions mondiales, s’inscrit dans le cadre de la nouvelle guerre froide menée par les États-Unis avec le soutien de l’UE et des membres de l’OTAN. Un cessez-le-feu et un retour aux négociations sont urgents, mais il est tout aussi urgent d’arrêter ce processus qui divise à nouveau le monde en deux.
En juin, lors du prochain sommet de l’OTAN à Madrid, les pays de l’OTAN adopteront un nouveau concept stratégique qui suit les aspirations des États-Unis à affronter davantage la Chine et la Russie. Cela entraînera une escalade irresponsable des tensions internationales. Au contraire, nous devons renforcer un cadre multilatéral fondé sur la sécurité commune et humaine, le désarmement et une interdiction rapide des armes nucléaires.
Pourquoi le mouvement pour la paix devrait-il exiger la dissolution de l’OTAN ?
Depuis sa création en 1949, l’OTAN a intégré des régimes autoritaires, fascistes et coloniaux dans son alliance militaire pour mener la guerre froide. Après la chute de l’URSS, au lieu de disparaître, elle s’est étendue en 5 vagues consécutives en Europe de l’Est et a noué des alliances bilatérales avec plus de 30 pays dans le monde entier. Nous avons maintenant une « OTAN globale », un réseau international qui utilise des accords militaires, des bases, des manœuvres, des livraisons d’armes et des déploiements de troupes pour assurer sa domination géopolitique. Nous ne pouvons pas oublier que les interventions militaires dirigées par l’OTAN ont déstabilisé et détruit la Yougoslavie, l’Afghanistan et la Libye. La voie de destruction et de militarisation du monde est indéniable et, au milieu de cette crise mondiale, nous devons exiger un chemin de paix durable pour le monde, et non un chemin de confrontation et de division.
La nouvelle guerre froide nous empêche de relever les défis auxquels l’humanité est confrontée.
Toutes les guerres sont terribles. Dans toute guerre, les gens souffrent. Les conséquences des guerres et leurs stigmates durent des générations. L’avenir de pays est réduit à néant. Nous le voyons en Ukraine, en Afghanistan, en Palestine, au Yémen, en Libye, en Syrie, en Irak, ou au Sahel. Mais il existe une autre voie, l’agenda 2030 des Nations unies, qui définit que les priorités de l’humanité sont la lutte contre les inégalités et la pauvreté, la lutte contre la crise climatique ou l’accès à la santé et aux vaccins. Il n’est pas possible de prendre en main ces défis mondiaux qui menacent la sécurité des gens au quotidien au milieu d’une guerre qui divise le monde en deux. Une guerre qui nous plonge dans une nouvelle crise économique mondiale, qui fait grimper l’inflation, met en péril notre sécurité alimentaire et énergétique et concentre les efforts des États sur les investissements et la destruction militaires. Les alliances militaires ne résolvent pas nos problèmes, à l’inverse du dialogue, de la démilitarisation et de la coopération internationale. Mobilisons-nous ensemble contre le sommet de l’OTAN en juin prochain à Madrid.
Pendant qu’ils organisent le sommet de la guerre, nous organisons le sommet de la paix.