Les 28 ambassadeurs de l’Union Européenne ont approuvé ce 8 novembre 2017 des sanctions contre le Vénézuela. Ces sanctions prévoient de placer sous liste noire des personnalités ou organisations, associations, partis sanctionnés pour leur implication dans ce qu’il considère être la répression de l’opposition. L’inscription sur cette liste noire entraîne un gel des avoirs dans l’UE et, pour les personnes concernées, une interdiction de visa pour l’Union européeene. En fonction de ce qu’elle considérera comme étant une bonne évolution de la situation en décembre 2017, l’UE décidera d’y inscrire aussi des personnalités liées au gouvernement. Selon l’UE, les sanctions auraient pour finalité politique d’amener le gouvernement vénézuelien à la table des négociations avec l’opposition et donc de contribuer à sortir de la crise politique actuelle.
En agissant de la sorte, l’UE emboîte le pas aux Etats-Unis qui ont annoncé jeudi 9 novembre une nouvelle vague de sanctions contre le Venezuela.
Les sanctions décidées par L’UE surviennent quelques semaines à peine après que le Prix Sakharov (qui récompense des personnalités collectives ou individuelles qui s’efforcent de défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales.) ait été décerné à l’opposition vénézuélienne par le parlement européen.
Mais que se passe-t-il donc en décembre au Venezuela pour que l’UE et la droite européenne s’affolent ?
Le 15 décembre se tiendront les élections communales au Venezuela. Comme lors des élections régionales d’octobre dernier, une grande partie de l’opposition a décidé d’y prendre part, mettant en échec les tentatives d’insurrection de l’extrême droite.
Cette élection nous montrera sans doute que la crise qui fit rage d’avril à juillet et qui visait à renverser le gouvernement de Maduro a bel et bien échoué.
Pour sortir de cette grave crise politique dans laquelle était plongé le pays, le président de la République a convoqué une assemblée constituante. Celle-ci a mobilisé plus de 8 millions d’électeurs le 30 juillet 2017 pour élire les délégués à l’assemblée constituante – Il s’agissait avant tout d’activer un espace de concertation populaire pour répondre aux problèmes de corruption et de crise économique du pays .
Le deuxième round électoral du 15 octobre a confirmé que le peuple vénézuélien rejetait la stratégie violente de l’opposition et préfère soutenir le chavisme. Le parti du président Maduro, le PSUV a remporté haut la main les élections régionales décrochant 18 Etats contre 5 pour l’opposition.
Pourquoi santionner un pays qui cherche une issue à la crise qu’il traverse à travers le dialogue?
Ces victoires du chavisme ont pour conséquences de diviser l’opposition et de permettre une ouverture au dialogue avec son aile la plus modérée. En s’isolant, l’opposition d’extrème droite voit ses chances de renverser le gouvernement s’amoindrir : ni la rue, ni les urnes ne leur sont favorables. Or, l’aile la plus à droite de cette opposition a une tâche à accomplir: parvenir à rassembler toute l’opposition autour du groupe de Lima.
En effet, l’opposition vénézuelienne est encouragée par le Groupe de Lima à ne pas participer aux élections et à ne reconnaître les résultats électoraux. Et c’est là que le bât blesse. Depuis que l’opposition est fragmentée suite aux dernières élections, certains se sont détachés des directives du groupe de Lima. Quatre gouverneurs de l’oppositions ont prêté serment devant la présidente de l’assemblée constituante et d’autres ont déclaré qu’ils participeraient au scrutin de décembre. Or, le groupe de Lima est la seule instance reconnue par le département d’Etat des Etats-Unis comme commandement externe de l’opposition venezuelienne.
Si nous résumons la situation, “la communauté internationale” souhaite d’une part que le gouvernement vénézuelien respecte les processus démocratiques mais, d’autre part, elle interdit à l’opposition de le faire !
En sanctionnant le Venezuela, l’Union Europpéenne prétend vouloir ainsi amener le gouvernement à dialoguer avec l’opposition. Mais il se fait que depuis plusieurs semaines déjà le gouvernement et une partie de l’opposition planifient une rencontre au Costa Rica pour ouvrir le dialogue et qu’ils n’ont pas eu besoin de sanctions pour le faire. Pourquoi donc alors santionner un pays qui cherche une issue à la crise qu’il traverse à travers le dialogue ?
L’UE sanctionne le choix de milliers de Vénézueliens
Nous considérons ces sanctions comme un acte d’ingérence qui aiguisent les tensions politiques au Venezuela et font le jeu de la violence.
Nous demandons à l’UE de respecter le processus et les instances démocratiques du Vénézuela. Par soucis réel du bien-être de la population, nous demandons que l’UE fasse pression auprès des organismes fianciers pour que soit renégocié favorablement le paiement de la dette externe du Venezuela. Suite aux sanctions économiques infligées par les Etats-Unis, le Venezuela risque un défaut de paiement. Ceci serait une question de jour. Nous craignons un scénario à la grecque : une population déjà fragilisée par la crise économique qui risque de plonger dans la pauvreté. Mais peut-être est-ce finalement l’objectif inavoué de l’UE : faire plier un peuple qui ne souhaite pas se voir dicter son avenir par des instances étrangères.