Le 2 décembre, la ministre des Affaires étrangères a été interpellée par le député du PTB, Marco Van Hees, sur la présidence par E. Davignon du Conseil d’administration de la grande institution culturelle Bozar[1]. L’ interpellation questionnait Sophie Wilmès d’avoir à la tête du Palais des Beaux-Arts un fervent défenseur de la colonisation[2], qui est par ailleurs poursuivi pour crime de guerre, torture et traitements inhumains et dégradants à l’égard du Premier ministre congolais, P. Lumumba, assassiné le 17 janvier 1961 [3].
« Je n’ai reçu aucune plainte concernant Monsieur Davignon, je le félicite pour son travail accompli » a répondu la ministre. Sa réponse illustre parfaitement bien sa position : son complet mépris et son irresponsabilité totale à l’égard du processus de décolonisation de la Belgique.
Une plainte est-elle nécessaire pour remettre en question la présidence de Bozar par E. Davignon ? Bien sûr que non, il en va de sa responsabilité en qualité de ministre exerçant la tutelle sur cette institution culturelle de remettre en question la place de Davignon, un homme ayant du sang sur les mains, défendant un système colonial ayant entrainé la mort de millions de personnes.
Y a-t-il eu des plaintes ? Oui, mais la ministre semble ne pas vouloir y faire face. Il faut dire que la question dérange la ministre. En 2015, la direction de Bozar a interdit à des artistes d’utiliser l’image de Lumumba lors du festival Congolisation. La réaction des artistes a été de se rassembler dans le hall des Bozar et de prononcer le fameux discours de Lumumba dénonçant l’exploitation coloniale belge[4].
A l’heure où la Belgique a démarré ses travaux avec la Commission sur le passé colonial, la ministre des Affaires étrangères démontre son refus clair de décoloniser les institutions belges.
Pour entamer la décolonisation des arts et de la culture, la ministre doit s’excuser et démettre E. Davignon de ses fonctions de président de Bozar. Les institutions culturelles belges ne doivent pas avoir à leur tête des hommes défendant la position des dominants, ceux soutenant un système criminel comme la colonisation.
[1] Voir la question posée par Marco Hees à 1 :25 :28’ et la réponse de la ministre à 2 :22 :20 http://www.lachambre.be/media/index.html?language=fr&sid=55U1183&offset=5102;
[2] Voir notamment Les tournois de l’académie, « Le Congo belge : assumer ou s’excuser ? », RTBF, émissions du 5 décembre 2017;
[3] Voir aussi https://www.justice-en-ligne.be/L-affaire-Lumumba et http://blog.lesoir.be/jour-apres-jour/2011/06/23/dix-noms-remis-a-la-justice/ ;
[4] https://zintv.org/qui-a-peur-de-lumumba/ ;