Le samedi 8 décembre, il n’y avait pas que la réouverture du nouvel ‘AfricaMuseum’. A midi, il y a eu aussi un rassemblement de commémoration devant les sept tombes situées non loin de l’église dans le centre de Tervuren. C’est là en effet qu’ont été enterrés les restes des sept Congolais n’ayant pas survécu à l’Exposition Universelle de 1897.
Ekia, Gemba, Kitukwa, Mpela, Zao, Samba, Mbange.
Avec 269 de leurs compatriotes, ils devaient dépeindre durant cette exposition la vie quotidienne au Congo dans des villages reconstitués. Ils étaient alors exposés à Tervuren comme des indigènes d’une colonie ‘non-civilisée’. Deux Congolais avaient déjà péri lors de leur transport, sept moururent en Belgique suite de la froideur de l’été. Nous ne savons rien de ceux qui rentrèrent malades.
Colonialisme
Les personnes à l’origine de l’initiative de cette commémoration plaident pour une réhabilitation durable de ces sept citoyens et de l’ensemble de la population congolaise qui a eu à souffrir si lourdement de la barbarie des Belges. La RD Congo n’est indépendante qu’au point de vue politique : des puissances économiques étrangères exploitent toujours le pays comme s’il était un territoire conquis. Une explication correcte de l’histoire derrière ces sept tombes peut rappeler aux générations futures l’époque du colonialisme et du racisme pur jus et contribuer ainsi à ce qu’elles ne taisent plus jamais sur l’oppression d’autres peuples.
Respect
La transformation et l’extension du musée a coûté environ 65 millions d’euros. Le 8 décembre, nous plaidons pour que soit placée près de ces sept tombes une plaque commémorative qui rend justice à la véritable histoire, une plaque différente de l’actuel panneau indicateur touristique qui a pour objet l’exposition universelle de 1897. Les tombes de ces victimes méritent le même respect, sinon plus, que celles des coloniaux morts.
Les sept pierres tombales ne sont lisibles que depuis peu de temps, depuis l’annonce qu’une commémoration aurait lieu. Les initiateurs demandent un entretien régulier, comme celui des parterres commémoratifs des deux guerres mondiales. On ne refait pas l’histoire, mais l’on peut la raconter d’une autre manière et manifester notre profond respect ainsi que revendiquer une réhabilitation digne. C’est ce qui s’est passé le samedi 8 décembre via de courtes allocutions au nom des organisations et des personnes qui se sont jointes à cette initiative, par le dépôt de fleurs et de bougies, par la lecture de poèmes, par la musique et par le silence.
Organisateurs : intal Congo, Change asbl, Presence Noire, PVDA-PTB, Ludo De Witte, UBUNTU, INDICATIONS asbl, Lorent Corbeel, KWB-Tervuren et Collectif mémoire coloniale et lutte contre les discriminations.
L’action a été relayé aussi par la presse :
‘AfricaMuseum, un regard critique sur la colonisation‘ sur l’Avenir
‘La Belgique rouvre son musée de l’Afrique, hanté par le colonialisme‘ sur France24