En pleine pandémie, de véritables bains de sang sont observés en Colombie. On dénombre près de 10 massacres pour le seul mois d’août. Les jeunes semblent être particulièrement touchés. Le 11 août, près de la ville de Cali, cinq enfants sont torturés et laissés pour morts dans un fossé. Ils avaient entre 14 et 15 ans. Le 15 août, 8 jeunes sont assassinés lors d’une fête à Samaniego, dans la province de Nariño. Quelques jours plus tard, un autre massacre a eu lieu dans la même région et 6 jeunes ont été assassinés en pleine campagne, 2 autres ont disparu. Les familles et les amis des jeunes assassinés à Cali et Tumaco ont reçu des menaces de mort indiquant qu’ils seraient les prochains s’ils ne quittaient pas le territoire. Ces meurtres semblent être le fait de groupes paramilitaires d’extrême droite qui utilisent des techniques de terrorisme.
Le président Ivan Duque affirme dans ses déclarations que les massacres systématiques sont des « homicides collectifs » et que les leaders sociaux ainsi que la population sont tués par des groupes armés résiduels. Cette déclaration est réfutée par les mouvements sociaux colombiens. En effet, il est important de noter que le parti politique de Duque a des liens étroits avec les groupes paramilitaires, et que beaucoup de ses membres sont trempés jusqu’au cou dans le narcotrafic.
Depuis la signature de l’accord de paix en août 2016 jusqu’à aujourd’hui, des massacres systématiques ont eu lieu contre les dirigeants sociaux, les signataires de l’accord de paix, les défenseurs de droits humains et en ce dernier mois d’août, contre les enfants et les jeunes qui demandent publiquement le respect de la mise en œuvre des accords de paix.
Selon le journal El Espectador, en sept mois et demi de l’année 2020, il y a déjà eu 181 assassinats et 43 massacres. 72% ont eu lieu dans les cinq départements où le nombre d’assassinats de leaders sociaux est le plus élevé. Cela revient à une massacre tous les deux jours. La recrudescence de la violence coïncide-t-elle avec la capture de Alvaro Uribe ?
Début août la cour suprême de justice de Colombie a ordonné l’arrestation domiciliaire de l’ex-président et ex-Sénateur Alvaro Uribe. Il est soupçonné d’avoir tenté de soudoyer des témoins contre l’opposant politique Iván Cepeda. L’establishment colombien n’est pas satisfait de cette arrestation. Le président Duque défend son ami de parti Uribe. Toute une campagne de diffamation a été lancée pour discréditer la Cour suprême, et les magistrats qui critiquent le gouvernement sont menacés. Il semble que l’arrestation de l’ex-président et ex-sénateur Alvaro Uribe ait accéléré la campagne de terreur qui était déjà en cours.
En tant qu’organisations belges et internationales qui défendent la vie et la paix des peuples, nous voulons exprimer notre profonde indignation et notre inquiétude face aux assassinats et massacres systématiques qui ont lieu en Colombie depuis la signature de l’accord de paix en août 2016 jusqu’à aujourd’hui, contre les leaders sociaux, les défenseurs des droits humains, les signataires de l’accord de paix et en ce dernier mois d’août, contre les enfants et les jeunes.
Nous sommes outrés par les déclarations du gouvernement d’Ivan Duque qui minimise les faits et ne répond pas à la clameur populaire demandant l’arrêt des exterminations systématiques qui se produisent dans le pays.
Nous exigeons que le gouvernement belge et l’Union européenne fassent pression sur le gouvernement colombien pour qu’il applique dûment l’accord de paix, pour que la persécution des mouvements sociaux, de leaders sociaux, de défenseur de droits humains cesse, que l’autonomie de la justice soit respectée, et que la vie soie protégée et respectée.
Plusieurs organisations dont Intal, Foro International de Víctimas, Defendamos la Paz Internacional, Comité Pour le respect de Droits Humains Daniel Gillard, Colombia Humana Belgica, Mujeres colombianas por la Paz, Latinoaméricanas Unidas, Lets Defends Colombia, Coordinadora latino americana, Marcha Patriotica, Arlac, Colectivo de colombianos refugiados en Bélgica font appel à un rassemblement de solidarité le jeudi 3 septembre à 18h à la Gare Centrale à Bruxelles.