672 institutions financières européennes ont des relations financières avec 50 entreprises activement impliquées dans les colonies israéliennes illégales. Une entreprise belge, Solvay, est citée. La banque BNP Paribas est quant à elle le plus grand créancier européen de ces sociétés. Telles sont les conclusions d’un rapport publié aujourd’hui par une coalition de 25 organisations dont le CNCD-11.11.11, Fairfin et intal.
La coalition Don’t buy into occupation (DBIO) est un projet conjoint de 25 organisations palestiniennes et européennes. L’objectif de la coalition est d’examiner les relations financières entre les entreprises opérant dans les colonies israéliennes illégales dans le territoire palestinien occupé et les institutions financières européennes.
Entre 2018 et mai 2021, 672 institutions financières européennes, y compris des banques, des gestionnaires d’actifs, des compagnies d’assurance et des fonds de pension, ont eu des relations financières avec 50 entreprises activement impliquées dans les colonies israéliennes. Au cours de la période analysée, 114 milliards USD ont été fournis à ces entreprises sous forme de prêts et de souscriptions. En mai 2021, les investisseurs européens détenaient également 141 milliards USD d’actions et d’obligations de ces sociétés.
« L’implication de ces entreprises dans les colonies leur fournit l’oxygène économique indispensable dont elles ont besoin pour se développer et prospérer », explique le rapporteur spécial des Nations Unies pour la situation des droits humains dans le territoire palestinien occupé, Michael Lynk, dans la préface du rapport. Or la construction et l’expansion des colonies israéliennes sont des crimes de guerre au sens du droit international. Les entreprises et les institutions financières qui les financent ont donc la responsabilité de s’assurer qu’ils ne sont pas impliqués dans des violations du droit international.
Solvay est à ce jour la seule entreprise belge identifiée dans le rapport. En 2019, des produits Solvay auraient été utilisés pour la construction d’un pipeline de « contournement » à Bardala, dans la vallée du Jourdain, en territoire palestinien occupé. Ce pipeline détourne l’eau douce des sources d’eau palestiniennes vers les colonies israéliennes, tandis que les communautés palestiniennes elles-mêmes n’y ont plus accès.
Les institutions financières belges impliquées sont KBC, Ackermans & van Haaren et la Banque Degroof Petercam. Leurs crédits et investissements dans les entreprises impliquées dans la colonisation s’élèvent ensemble à 2,14 milliards EUR (2,5 milliards USD). BNP Paribas est quant à elle l’institution financière européenne la plus impliquée dans le financement de la colonisation. Elle est le premier créancier européen avec 14,81 milliards EUR (17,3 milliards USD) de prêts et de souscriptions, et est également le 12e investisseur européen avec 2,86 milliards EUR (3,34 milliards USD) investis dans les entreprises directement impliquées dans les colonies israéliennes.
« Le gouvernement belge est actionnaire de BNP Paribas à hauteur de 7,7% de son capital. Il a donc le poids pour empêcher la banque de financer la colonisation israélienne » souligne Nathalie Janne d’Othée, en charge du dossier au CNCD-11.11.11. En mai dernier, le gouvernement belge a engagé un effort pour exclure les colonies israéliennes de ses relations avec Israël. Jusqu’ici, aucune mesure concrète n’est sortie de cet exercice. Le gouvernement belge doit faire des efforts supplémentaires pour sensibiliser les entreprises et les institutions financières aux risques juridiques et réputationnels qu’elles encourent en étant impliquées dans la colonisation israélienne. »
La coalition Don’t buy into occupation rappelle par ailleurs l’importance de la base de données des Nations Unies des entreprises impliquées dans les colonies israéliennes. Le principal fonds de pension norvégien, KLP, a récemment exclu 16 entreprises de son portefeuille, sur base de leur présence dans la base de données des Nations Unies.