Très prochainement, la composition du conseil d’administration et le poste de directeur général de la grande Institution culturelle Bozar seront renouvelés. C’est une étape importante dans l’histoire de l’institution puisque ces changements pourraient apporter un vent nouveau au sein de l’institution pour une politique interne l’égard du personnel et une programmation culturelle axée en priorité sur l’humain et la solidarité et non le rendement et le prestige, comme ce fut le cas ces dernières années.
Le 1er février 2021, à la demande de la ministre des affaires étrangères, Sophie Wilmès, un appel à candidature a été lancé pour la première fois pour renouveler les membres du conseil d’administration du Bozar, y compris le poste de président. Si cet appel est lancé par la ministre, c’est sous la pression du personnel de Bozar qui réclame un changement du conseil d’administration et du poste de directeur général depuis très longtemps, mais aussi, très probablement grâce à la campagne d’Intal Congo, Decolonize Bozar, de décolonisation des arts et de la culture, réclamant la fin de la présidence du conseil d’administration par Etienne Davignon. Cet appel au renouvellement est donc issu de la pression du terrain ayant poussé la ministre des affaires étrangères à prendre ses responsabilités.
Parce que la culture doit permettre aux artistes d’utiliser leur art pour approfondir nos connaissances et notre compréhension du monde, les nominations à ces postes doivent être véritablement accessibles à des représentants de la société civile, à des personnes qui œuvrent au service de toutes les cultures, d’une culture pour tous, mettant l’humain et la solidarité au centre de leurs démarches. Or, même si dans son discours et dans l’appel aux candidatures pour le nouveau conseil d’administration, la ministre dit ouvrir les postes à la société civile, en imposant un délai de seulement 2 semaines aux candidats potentiels, la ministre permet uniquement une nouvelle composition du CA a un cercle restreint, déjà bien informé à l’avance de cet appel. En aussi peu de temps, il est en effet très peu probable qu’un large public de la société civile puisse en prendre connaissance et se porter candidat.
De cette manière, la ministre fait donc preuve de manque de démocratie et de transparence alors que les membres actuels du CA ont fait l’objet de controverses. Tout d’abord, ils ont maintenu Paul Dujardin au poste de directeur général pendant près de 20 ans alors que celui est contesté par le personnel en raison d’une charge et d’un rythme de travail important. Et puis, ces administrateurs relèvent plus du monde des affaires que de celui de la culture, comme son président Etienne Davignon, membre de CA de nombreuses multinationales. Ces postes doivent être exercés par des personnes incarnant les valeurs que devraient représenter une institution culturelle comme le Bozar, c’est dire un espace culturel au service de tout un chacun et non en faveur d’une culture dominante, un espace d’expression collective ouvert sur le passé et le présent colonial.
Pour une culture populaire et décoloniale, nous demandons que :
- L’appel à candidature pour le Conseil d’Administration soit ouvert pour un période d’un mois au minimum et donc que l’appel actuel à candidature soit prolongé et qu’il soit diffusé directement et massivement aux associations de terrain, en particulier les associations afro descendantes combattant pour la décolonisation des arts et de la culture, mais aussi aux associations culturelles luttant pour une culture pour tous, une culture populaire ;
- Comme demandé par une grande partie du personnel de Bozar, la création d’un comité de sélection pour la désignation du nouveau directeur général, composé de représentants du personnel, du conseil d’administration renouvelé et de la société civile. Cette composition doit être annoncée publiquement.
- Des explications et des excuses de la ministre des affaires étrangères pour le maintien d’Etienne Davignon à la présidence du CA de Bozar, depuis 1998 jusqu’à nos jours, alors qu’il fait l’objet d’une plainte, depuis 2011, pour son implication dans l’élimination politique et physique du leader congolais Patrice Emery Lumumba.
Bozar est actuellement à la recherche d’un nom pour l’une de ses salles du Palais des Beaux-Arts. Pour se démarquer de son passé colonial, ne serait-il pas temps que Bozar attribue le nom d une salle à une figure afro-féminine décoloniale ?
Nous poursuivons notre campagne pour une culture populaire et décoloniale. Signez notre pétition ici et faites circuler notre vidéo de campagne.