Cher.e.s journalistes,
Nous vous invitons à notre conférence de presse sur les dépouilles des ancêtres congolais qui se tiendra le mardi 8 novembre à partir de 10h00, au musée de Tervuren, située à Leuvensesteenweg 13, Tervuren 3080. Cette conférence de presse se tiendra en présence des artistes congolais du Collectif Faire-Part et du Centre d’art Waza, qui ont réalisé des consultations auprès de différentes personnes, en RDC, à travers des interviews. Celles-ci portaient toutes sur le sujet des dépouilles des ancêtres congolais.es présent·e·s en Belgique.
Pourquoi cette conférence de presse maintenant ?
À l’AfricaMuseum, dans d’autres musées et institutions en Belgique, ainsi que dans certaines collections privées, sont gardées des dépouilles d’ancêtres congolais·es massacré·e·s et déporté·e·s par les autorités coloniales belges. Certaines de ces dépouilles sont celles de personnes ayant été décapitées lors de combats les opposant aux colons, d’autres sont celles de personnes mortes de faim, de maladies après avoir été forcées à venir en Belgique pour être exposées comme des animaux. Les dépouilles présentes en Belgique font partie des millions de victimes de la barbarie de la colonisation.
Elles ont été découpées et étudiées comme des animaux de laboratoire, sous le prétexte de l’analyse scientifique, réduites ainsi à du matériel didactique. Ce même matériel a servi de fondement aux théories de racialisation qui, aujourd’hui encore, influencent notre regard sur l’autre.
Aujourd’hui, il est temps que toutes ces victimes soient connues du grand public, leur histoire racontée, que le gouvernement belge reconnaisse explicitement ces crimes et que les dépouilles soient rapatriées au Congo pour que les âmes des défunt·e·s puissent reposer en paix sur leur terre.
C’est pourquoi, nous, activistes décoloniales·ux de la société civile, nous demandons que justice soit faite pour les ancêtres congolais·es et que leur dignité soit restaurée :
« Mamans Sambo et Mpemba, Papas Ekia, Kitukwa, Midange et Nzau, bébé Juste Bonaventure Langa, vous qui êtes enterré·e·s à Tervuren, Sabo, Bitio, Isokoyé, Manguesse, Binda, Mangwanda et Pezo, vous qui êtes en terré·e·s au Schoonselhof à Anvers, loin de vos terres, vous avez été forcé·e·s à venir en Belgique, vous êtes mort·e·s de froid, de manque d’eau, de nourriture, de maladie faute de soins adéquats parce que la Belgique avait décidé d’occuper vos terres, de chasser, tuer ses habitantes et d’exploiter des travailleur·euse·s pour enrichir de grandes sociétés belges et étrangères.
« Chef Lusinga et d’autres résistants, vous avez eu le courage et la force de vous opposer à cette con-quête militaire barbare, votre résistance a conduit l’autorité coloniale à vous couper la tête et faire venir une partie de votre dépouille en Belgique.
Et bien d’autres ancêtres encore inconnu·e·s. »
Depuis le 15 décembre 2019, l’État belge a mis en place le projet « Home » dont les résultats annoncés par l’AfricaMuseum visent à « réaliser une évaluation multidisciplinaire des collections des restes humains en Belgique […], les rapports détailleront la façon de gérer les diverses collections des restes humains 1». Le projet se terminera fin décembre 2022, soit à la même période que se clôture la commission parlementaire sur le passé colonial belge au Congo, Rwanda et Burundi.
À la veille de l’issue de ce projet, nous déplorons le fait que la majorité des dépouilles n’ont pas été identifiées et rendues publiques, le fait que l’histoire de ces femmes et hommes reste manquante et le fait que les moyens humains et financiers pour réaliser ce travail n’ont pas été à la hauteur des besoins pour réaliser ce travail de mémoire.
Au regard des consultations lancées par le musée via le collectif Faire-part de Kinshasa et le Centre d’art Waza de Lubumbashi, des discussions qui en ressortent notamment avec la diaspora en Belgique et des actions plus qu’urgentes à mettre sur pied, entre autres recommandations, nous demandons au gouvernement belge et à son Secrétaire d’État, Thomas Dermine :
- de prolonger le projet Home et de lui allouer les moyens humains et financiers pour que dans un délai d’un an, toutes les victimes soient connues et leurs dépouilles rapatriées ;
- de veiller à ne pas reproduire en RDC ce qui se fait ici ; ce sont des corps d’ancêtres qui méritent le respect et le repos en paix sur leur terre ;
- de mettre en place un groupe de travail pour décoloniser la pensée et le langage utilisé par les différent·e·s acteur·rice·s du projet HOME ;
- de diffuser publiquement l’évolution du projet durant sa poursuite, tant en Belgique qu’en RDC, au Rwanda et au Burundi ;
- de réaliser une brochure (et autres supports d’information) destinée au grand public et racontant l’histoire de ces défunt·e·s sans sépulture.
- qu’après le rapatriement des défunt·e·s sur la terre des leurs, la Belgique finance, sous l’initiative des communautés congolaises (RDC et diaspora), et en lien avec les initiatives similaires menées au Congo, ait lieu la construction de statutaires, stèles honorifiques ou œuvres artistiques (en priorité d’artistes d’origine congolaise ou plus largement africaine) aux endroits symboliques de leur captivité.
Programme :
10h : Accueil (devant l’entrée du musée, à l’intérieur du parc).
10h15 : Visite guidée explicative sur les ancêtres autour des étangs et des tombes (Parc de Tervuren)
11h à 12h : Conférence de presse à l’AfricaMuseum. Rendez-vous à l’entrée du musée.
En cas d’impossibilité, la conférence de presse pourra être suivie de en ligne.
Pour une meilleure organisation, nous vous remercions de nous confirmer votre présence par e-mail ou par téléphone.
Contact presse : +32 476 90 26 75 / +32 492 76 24 21
Adresse : Chaussée de Louvain 13, 3080 Tervuren
Associations et personnalités signataires : Ambali Achaiso, journaliste La Diaspora chuchote — Ba-kushinta —— Beljïk MoJaïk — Change asbl — Clette-Gakuba Véronique, sociologue — Intal Congo— Makanga François, guide conférencier décolonial et acteur/comédien — Mavumbu Mavangu — Mu-dekereza Patrick, Centre d’art Waza — Passy Nsawela — Shemisi Paul, Collectif Faire Part (Kinshasa – RDC).